La chirurgie esthétique est devenue de plus en plus une tendance chez les jeunes femmes en quête d’une belle silhouette. Pourtant, elle présente des risques graves mettant en danger la vie quotidienne de milliers de jeunes femmes, notamment avec le décès tragique de Ngoné Ndiaye, mannequin sénégalais, en Turquie, survenue suite à une opération de chirurgie esthétique. Bon nombre de personnes l’ignorent, mais la chirurgie esthétique, comme toute chirurgie, doit se faire dans des conditions qui sont régies par la profession de chirurgie esthétique. C’est l’avis du Pr Lamine Ndiaye, chirurgien plastique reconstructrice, esthétique et enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Il soutient que par rapport au chirurgien, à la patiente et à l’environnement, il y a des conditions qu’il faut d’abord remplir pour pouvoir faire cette chirurgie en toute sécurité. «Par rapport à la patiente, d’abord, il faut que l’indication, c’est-à-dire que la nécessité de faire cette intervention se pose déjà. En plus, il faudrait faire un bilan complet pour voir est-ce que cette patiente peut supporter cette intervention. La troisième chose, c’est déjà par rapport à l’environnement. Dans quel environnement doit se faire cette intervention ? Il faudra que ce soit dans un environnement, avec un bloc opératoire, avec une équipe d’infirmières, d’anesthésistes qui ont l’habitude de faire ce type d’intervention. La troisième chose, c’est par rapport au chirurgien. Il faut vérifier est-ce que ce chirurgien a les compétences requises pour faire ce type d’intervention. Notamment, il faut vérifier que si le chirurgien est vraiment inscrit dans le pays où il exerce le métier, inscrit dans le tableau de l’Ordre des médecins comme étant un chirurgien plasticien. Une fois que cette vérification est faite, la patiente doit savoir une chose. Toute chirurgie comprend des risques. Mais la chirurgie, c’est avant, pendant et après. Ça veut dire que ce n’est pas, je me fais opérer, après je disparais. Non», a fait savoir Pr Lamine Ndiaye.
«Si ces conditions ne sont pas réunies, il peut y avoir des complications qui sont dommageables, regrettables»
Dans la foulée, il souligne qu’il faut un suivi permettant de détecter les complications qui peuvent survenir pour toute chirurgie. Et quand c’est détecté, dit-il, il doit y avoir une réponse concrète, précoce, immédiate et adaptée. «Maintenant, si ces conditions ne sont pas réunies, effectivement, il peut y avoir des complications qui sont dommageables, regrettables, comme ça a été le cas de cette patiente. Pour la chirurgie, la priorité est accordée à la sécurité. C’est pourquoi, il a fallu d’abord que la sécurité de la patiente puisse être jugulée par l’anesthésie, également par la prévention des risques, notamment comme l’infection, par une antibiotérapie efficace. Effectivement, quand cette chirurgie ne se fait pas dans des conditions de sécurité, elle peut entraîner des conséquences qui sont graves allant du dommage corporel, c’est-à-dire des séquelles qui sont graves sur le corps, des disgraces et parfois même entraîner la mort», a indiqué le chirurgien. Il rappelle que la chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique comporte deux volets, à savoir le volet reconstruction qui est motivé par un handicap et la chirurgie esthétique qui est dans le but d’embellir. Elle est pratiquée depuis 3000 ans avant Jésus Christ. Après, récemment, au XXe siècle, précise Pr Lamine Ndiaye, la chirurgie esthétique s’est développée grâce à deux choses, notamment les progrès qui sont réalisés avec l’anesthésie, réanimation et également l’efficacité des antibiotiques.
SERIGNE SALIOU YADE